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Infestation varroa : pourquoi faire un suivi AVANT traitement ?

Pourquoi devrais-je faire un suivi alors que je traite systématiquement mes colonies en fin de saison ? Le suivi d’infestation avant traitement est probablement le suivi le plus négligé. Pourtant, il peut vous apporter une information capitale pour vous aider à évaluer la pression parasitaire dans vos ruches (et donc son incidence sur les colonies), mais aussi vous permettre d’évaluer l’efficacité de votre traitement de fin de saison.

Évaluer l’efficacité de son traitement de fin de saison

Il est capital de mesurer l’infestation Varroa des ruches avant et après traitement pour bien évaluer l’efficacité de ce dernier.

En effet, si l’infestation est importante en fin de saison (exemple : 10 000 varroas), même si le traitement est efficace à plus de 95 %1 (ce qui est le minimum attendu pour un traitement avec une AMM* en apiculture conventionnelle), il restera quand même au moins 500 varroas dans la ruche à la fin du traitement. Ce qui est évidemment un nombre beaucoup trop élevé pour garantir un bon hivernage des colonies et leur survie.
La conclusion rapide serait donc de se dire que le traitement n’a pas été suffisamment efficace, alors qu’il aura pleinement rempli son rôle. On ne peut donc pas se baser seulement sur le nombre de varroas résiduels pour en évaluer l’efficacité.
Une forte infestation avant traitement indiquera également qu’un traitement de complément hors couvain pendant l’hiver sera probablement nécessaire pour le bon hivernage des colonies, et pour garantir un niveau d’infestation suffisamment bas pour le redémarrage au printemps suivant.

*Autorisation de Mise sur le Marché

Identifier une année à forte pression, et ses potentiels impacts

L’infestation varie d’une année à l’autre. En considérant le graphique ci-dessous, on se rend bien compte qu’un calendrier fixe de traitement ne peut pas convenir à chaque année apicole, et qu’il faut adapter sa stratégie de traitement en fonction d’un suivi d’infestation réalisé tout au long de l’année.

Variation des infestations d’un même rucher en Alsace, entre 2010 et 2014

Source : BALLIS A. (2015) Infestation Varroa en Alsace, Intervention à l’AG d’ADA Franche Comté. Chambre d’Agriculture Régionale d’Alsace

Le seuil de 3200 à 4200 varroas a été décrit dans la bibliographie comme étant un niveau d’infestation en saison provoquant une perte économique pour l’apiculteur (moindre production et risque accru de mortalité).

On identifie rapidement sur ce graphique que l’année 2011 aura été particulièrement délicate (74% des ruches au-dessus du seuil économique), alors que l’année 2013 aura été particulièrement clémente (7% des ruches au-dessus du seuil). On ne pouvait pas attendre le même nombre de varroas résiduels en sortie de traitement en 2011 que pour les autres années, car l’on partait d’une infestation initiale bien plus élevée. C’est pour cette raison que la stratégie de prise en charge du varroa devrait toujours être adaptée d’une année à l’autre, et qu’il est impératif de sortir du schéma standard « un seul traitement systématique en fin de saison ». Les années présentent une trop grande variabilité, à laquelle il est important de s’adapter.

Pour rappel, l’impact de Varroa ne se limite donc pas à la santé des colonies, mais aussi à leur productivité. Une étude réalisée sur une miellée de lavande dans le Sud de la France avait démontré qu’une infestation phorétique de 3 % (9 varroas dans un échantillon de 300 abeilles) en cours de saison diminuait la production de miel d’une ruche de 5 kg en moyenne, pouvant aller jusqu’à 13kg selon les ruches.

Source : Maisonnasse et al, 2014 – Etude réalisée par l’INRA (France) entre 2009 et 2012 sur 552 ruches. Moyenne de 5 kg (1 à 13 kg par an) sur une miellée de lavande.

Télécharger le Guide Varroa pour en savoir plus sur l’impact de Varroa sur les colonies

De plus, on sait que l’infestation varie au sein d’un même rucher. Il peut y avoir 10 fois plus de varroas dans la ruche la plus infestée, par rapport à la moins infestée du rucher. Attention donc à bien identifier les ruches les plus infestées, pour leur apporter une attention particulière. Elles peuvent être vecteur de réinfestation une fois le traitement terminé, et mettre en péril la survie des autres colonies pendant l’hiver.

Variation des infestations au sein d’un même rucher en fin de saison 2014 (année de forte infestation), à Chaillac (Indre, France)

Source : Données issues du rucher Véto-pharma en 2014 à Chaillac – Infestation moyenne totale de chaque ruche mesurée après traitement conventionnel de 10 semaines, suivi par un traitement de contrôle.

En conclusion :

  • Le suivi d’infestation est primordial pour évaluer l’infestation varroa, d’une année sur l’autre et d’une ruche à l’autre. Pensez à l’effectuer dès le début de saison !
  • La stratégie de traitement doit être adaptée en fonction de l’infestation. Un même calendrier de traitement peut convenir pour une année, et ne pas être suffisant l’année suivante.
  • Évaluer l’efficacité de son traitement passe par un suivi AVANT et APRES traitement. Le comptage des varroas résiduels seul ne permet pas d’évaluer son efficacité.
  • Attention aux réinfestations en cas de ruche présentant une très forte infestation avant traitement.

1 – Guideline on veterinary medicinal products controlling Varroa destructor parasitosis in bees (5.4. Evaluation of efficacy) – https://www.ema.europa.eu/en/documents/scientific-guideline/guideline-veterinary-medicinal-products-controlling-varroa-destructor-parasitosis-bees_en.pdf