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Renforcer la santé de vos ruches au printemps : Conseils pour les apiculteurs

Table des matières

À l’approche du printemps, avec l’augmentation des heures d’ensoleillement, les pluies occasionnelles et les températures diurnes en hausse, les apiculteurs se retrouvent face à une période propice pour travailler au sein de leurs ruches. Pendant les mois d’hiver, les ruches demeurent généralement fermées, sans inspection. La fin de cette période d’hibernation représente un moment crucial pour les colonies, qui ont dépendu de leurs réserves alimentaires tout au long des mois les plus froids.

De même, toute maladie non contrôlée peut causer des problèmes graves, allant jusqu’à rendre les colonies non viables voire les faire s’effondrer. Ainsi, pour réussir au printemps, il est crucial de se concentrer sur deux points clés : assurer la santé des colonies et les stimuler, en plus de mettre en œuvre d’autres actions de gestion technique pour faciliter le processus.


L’apiculteur peut commencer à planifier ses premières inspections dès que le temps le permet. Une journée ensoleillée, calme, avec une température dépassant les 16 °C, idéalement vers midi, est idéale pour cela.

1. Préparation de la première visite

Il est important d’effectuer les premières inspections aussi rapidement que possible afin de perturber au minimum les abeilles et d’éviter que la ruche ne se refroidisse. Cependant, il est essentiel de ne pas négliger les informations cruciales pendant cette phase. La préparation minutieuse de votre matériel est donc cruciale. Rien n’est plus frustrant que d’arriver au rucher et de se rendre compte qu’un outil ou un équipement essentiel est manquant. Assurez-vous toujours d’avoir des outils et des vêtements propres, et ayez de la nourriture prête pour les ruches qui pourraient en avoir besoin, surtout si leur population est élevée et qu’elles consomment leurs réserves rapidement.

 

Commencez par une inspection visuelle de l’ensemble du rucher en examinant l’entrée de chaque ruche et le sol en dessous, afin de détecter d’éventuels signes d’activité anormale. Par temps froid et humide, l’activité des abeilles peut ne pas être visible de l’extérieur car elles restent regroupées à l’intérieur. Dans ce cas, soulevez doucement la ruche pour évaluer le poids des réserves alimentaires, ce qui vous donnera une idée de leur suffisance.

 

Lorsque les températures se réchauffent, une brève inspection peut être entreprise pour évaluer la vitalité de la colonie et vérifier la présence d’œufs et de jeunes larves. Il est important d’évaluer la quantité et l’état des réserves alimentaires qui ont été stockées il y a plusieurs mois, en veillant à ce qu’elles soient positionnées près du couvain. Les abeilles qui s’aventurent trop loin des réserves de miel risquent de souffrir de paralysie due au froid, car leur température corporelle peut chuter. De plus, si le miel a été laissé plutôt que d’être remplacé par un candi, il ne doit pas être excessivement durci par le froid. Placez ces cadres à côté des abeilles pour maintenir leur source de nourriture accessible, ce qui permet de prévenir la famine et les pertes dues au froid.

2. Évaluation de la santé de la colonie

Lors de votre inspection, si vous observez des signes de mortalité, des abeilles présentant des tremblements, ou remarquez des taches de diarrhée noirâtres, il est conseillé d’inspecter cette ruche en dernier afin de prévenir une éventuelle propagation de maladies ou virus.

Nosema apis
Ruche contaminée par Nosema apis

Lors de l’inspection d’une ruche, il est crucial d’évaluer la santé de la colonie en examinant le corps de la ruche où se trouve le couvain. Portez une attention particulière à la quantité de larves et à l’état des cellules operculées. Soyez vigilant face à toute anomalie telle que des opercules enfoncés, une coloration noirâtre, des trous dans les opercules ou des odeurs inhabituelles, car ces signes pourraient indiquer des problèmes de santé au sein de la ruche.

 

Le motif du couvain est un indicateur fiable de la santé de la colonie. Un motif de couvain compact et uniforme est idéal, ce qui témoigne d’un développement sain. En revanche, un couvain dispersé devrait susciter des inquiétudes quant à la santé du couvain et de la colonie dans son ensemble.

 

Le renouvellement de la cire est également essentiel pour maintenir la santé de la colonie, car les anciens rayons peuvent accumuler des débris organiques qui servent de terrain de reproduction pour les agents pathogènes. Les cadres avec de la cire noirâtre doivent être retirés de la ruche et envoyés pour fonte, stérilisation et laminage, éliminant ainsi les sources potentielles d’infection.

3. Redémarrage et stimulation

Pour redémarrer et stimuler la colonie, il est crucial de comprendre les spécificités de votre climat local et des calendriers de floraison, surtout à la lumière des impacts du changement climatique qui pourraient affecter la saison de floraison. La préparation précoce est essentielle, impliquant diverses actions visant à stimuler la vigueur de la ruche avant le début de la floraison.

 

La stimulation consiste à accroître l’activité de reproduction plus tôt que ce qui se produirait naturellement, en alignant le pic de population de la ruche avec le début de la saison de floraison. Étant donné que le cycle de vie d’une abeille ouvrière, de l’œuf à la butineuse, prend environ six semaines, il est vital d’initier la stimulation de la ponte des œufs au moins six semaines avant la floraison pour maximiser la production de miel. Cela reflète la corrélation directe entre le développement de la colonie et le rendement.

 

La stimulation doit reproduire le flux de nectar en ayant une consistance liquide, mais elle doit être fournie en quantité mesurée pour éviter le stockage dans les rayons. Il est préférable d’offrir de petites quantités fréquentes pour garantir une consommation complète. Les ratios de sirop peuvent varier en concentration (sirop lourd : 2 parts de sucre pour 1 part d’eau ; sirop léger : 1 part de sucre pour 1 part d’eau), en incorporant du fructose ou du glucose selon les besoins.

 

Pour commencer, utilisez ½ litre de sirop concentré par ruche par semaine, en augmentant progressivement à plus de 1 litre de sirop plus léger par semaine. Pour les nuclei, divisez ces quantités par deux.

 

Les protéines sont également essentielles pour un développement sain du couvain. À partir de la deuxième ou troisième semaine de stimulation, introduisez un substitut de pollen ou un complément protéiné pour répondre à ces besoins.

 

Soyez prêt à envisager la possibilité d’un échec ou d’un retard de la floraison en raison des conditions météorologiques, ce qui pourrait nécessiter que les ruches dépendent d’une alimentation supplémentaire jusqu’à ce que les flux de nectar naturels commencent.

Pâte protéinée abeille
Pâte protéinée

4. Équilibrer le rucher

Après avoir évalué la santé de votre rucher, il est possible que les ruches présentent des différences en termes d’alimentation et de conditions environnementales. Maintenir un certain degré d’uniformité au sein du rucher simplifie sa gestion, car cela permet de le considérer comme une unité cohérente. En revanche, des disparités significatives entre les colonies situées au même endroit peuvent prolonger vos visites, chaque ruche nécessitant une attention individuelle pour la nourriture, le renouvellement de la cire, le placement des hausses, le remplacement des reines, etc.

 

Certains apiculteurs désignent environ 10 % de leurs ruches dans chaque rucher comme des ruches de soutien. Ces ruches ne sont pas principalement destinées à produire du miel, mais elles fournissent du matériel de reproduction ou servent à remplacer les reines perdues. En revanche, d’autres apiculteurs traitent toutes les ruches de manière uniforme et choisissent d’améliorer la force des colonies en transférant des cadres de couvain des ruches les plus vigoureuses à celles qui sont saines mais légèrement en retard. Il est crucial que les ruches donneuses et réceptrices soient en bonne santé pour garantir le succès de telles interventions.

5. Réunir les ruches

Les ruches avec des populations nettement plus faibles peuvent être combinées en une seule colonie plus robuste. Pour faciliter cette fusion et prévenir l’agression, il est efficace de mélanger les odeurs des colonies en saupoudrant du sucre en poudre ou en vaporisant de l’eau miellée. Cette stratégie accorde la priorité au maintien de ruches viables plutôt qu’à la préservation de plusieurs colonies plus faibles sur le point de s’effondrer. Les ruches non viables consomment non seulement du temps et des ressources précieuses, mais représentent également un investissement irrécupérable.

6. Renouvellement des reines

Le renouvellement des reines est une pratique reconnue par les apiculteurs professionnels pour la valeur des jeunes reines, qui ont une capacité de ponte supérieure. Cela se traduit par des colonies plus peuplées, plus hygiéniques, plus résistantes contre Nosema, et finalement plus productives.

À mesure que la saison avance, avec la stimulation alimentaire et le début de la floraison, la colonie devrait croître, à condition qu’elle ne soit pas affectée par des maladies. Cette augmentation du couvain nécessite une surveillance accrue contre les varroas, qui se reproduisent à l’intérieur des cellules de couvain. Un test de roulement au sucre glace, un lavage à l’alcool ou un contrôle au CO2 révélant 2 à 3 varroas par 100 abeilles indique la nécessité d’une action préventive pour éviter une infestation.

Cependant, le printemps, avec son activité de couvain élevée, n’est pas le moment idéal pour les traitements traditionnels contre Varroa, car ils ciblent principalement les acariens phorétiques, qui ne constituent environ que 20 % de la population de varroas à ce moment-là.

La Lutte Intégrée contre Varroa propose des stratégies alternatives, exploitant notamment la préférence de Varroa pour le couvain mâle. Les apiculteurs peuvent favoriser la présence de couvain mâle de trois manières : en utilisant des cadres peu profonds qui incitent les abeilles à construire des alvéoles pour les mâles en dessous, en insérant des cadres avec des feuilles de cire à cellules larges disponibles en magasin d’apiculture, ou en plaçant des cadres surmontés d’une bande de cire étroite, incitant les abeilles à remplir les cellules avec du couvain mâle. Après la ponte des œufs mâles, ces cellules doivent être retirées et détruites dans les 28 jours ou dès qu’elles sont operculées, pour éviter la prolifération de Varroa.

Cadre surmonté d'une bande de cire étroite
Cadre surmonté d'une bande de cire étroite

Conclusion

Le printemps représente une période cruciale pour les apiculteurs, où une planification stratégique et une gestion proactive sont essentielles pour une récolte de miel réussie. Des pratiques clés telles que le renouvellement des reines pour maintenir la vitalité des colonies, la gestion du Varroa et l’équilibre des ruches au sein d’un même rucher préparent non seulement les abeilles aux défis immédiats du printemps, mais établissent également les bases d’une productivité tout au long de l’année. Adopter ces tâches avec diligence garantit la santé et la vitalité des ruches, ce qui influe directement sur la qualité et la quantité de miel produite.

À propos de l’auteur

Juan Molina est vétérinaire diplômé de l’Universidad de Córdoba, avec une spécialisation en apiculture de l’Universidad Complutense. Passionné par l’apiculture, il est affilié à l’Association d’Apiculteurs de Málaga et a écrit deux livres sur le sujet. Juan a occupé divers postes, allant de responsable qualité du miel à professeur pour les passionnés d’abeilles.

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