Avez-vous peur de Frankenstein, du Slender Man ou de Chucky la poupée diabolique ? Faites-vous partie de ces personnes qui, chaque année, le dernier jour d’octobre, ferment tous leurs rideaux, non pas parce qu’elles sont à court de bonbons, mais parce qu’elles n’ont jamais vraiment apprécié l’inquiétante sensation de suspense et d’horreur qui se glisse sans bruit derrière elles ? Si vous n’êtes pas un grand amateur de chasse aux bonbons ou de créatures effrayantes, pratiquer l’apiculture en automne pourrait se révéler un véritable défi pour vous dans quelques années.
Tandis que les enfants pensent aux bonbons, nombre de nos colonies d’abeilles mellifères s’intéressent à quelque chose de beaucoup plus élémentaire : la survie.
Parmi les créatures que vous pouvez rencontrer à la fin de l’automne, les souris sont peut-être les plus grosses, mais certainement les plus faciles à éviter. Si l’entrée de la ruche n’est pas protégée par un dispositif anti-souris en octobre, ces monstres à fourrure détruiront les rayons et endommageront votre équipement. Comme si cela n’était pas suffisamment effrayant, le désordre que peuvent causer ces rongeurs au sein de la colonie peut empêcher les abeilles de rester dans la grappe, causant finalement leur mort par le froid. De plus, l’odeur de l’urine et des excréments de ces gros charognards poilus au sein de leur maison leur est si répugnante qu’elle peut conduire vos abeilles à une épouvantable ultime mission kamikaze consistant à quitter les ruches pour se jeter dans le grand froid…
… Nous menant directement à la prochaine horreur dévastatrice de l’automne, que les apiculteurs redoutent encore plus que l’absence d’une reine : la désertion. Bien que vous puissiez certainement trouver un bon Samaritain parmi vos confrères apiculteurs qui pourrait vous fournir une reine fécondée en automne (si vous n’en avez pas vous-même à disposition), une colonie ayant déserté risque fort de ne pas survivre à l’hiver. La seule bonne nouvelle dans ce sinistre scénario est que, tout comme lorsqu’elles se préparent à essaimer au printemps, les abeilles vous envoient des signes de désespoir avant de s’envoler pour la toute dernière fois. La reine arrête de pondre des œufs quelques jours avant, les abeilles arrêtent de se nourrir et s’amincissent avant d’entreprendre leur dernier voyage, et les éclaireuses s’envolent pour scruter les environs, à la recherche d’une chance de survie inespérée dans un nouveau foyer. Bien sûr, la désertion diffère de l’essaimage sur deux aspects funestes : elle est motivée par la peur que suscite la lutte pour la survie, et non par l’instinct de reproduction, et toutes les abeilles quittent la ruche lorsqu’elles désertent, le plus souvent dans un environnement froid et hostile. Si vous vous demandez pourquoi certaines colonies d’abeilles fuient leurs ruches comme on fuit la maison hantée la plus effrayante que l’on puisse imaginer, voici quelques indices de ce qui peut provoquer leur départ : des perturbations provoquées par des animaux sauvages, un apiculteur trop motivé qui ouvre les ruches trop fréquemment ou trop brutalement, des attaques de prédateurs ou une forte pression des nuisibles dans la ruche, une mauvaise ventilation de la ruche ou un manque de ressources nutritionnelles…
… Ce qui nous amène à un autre exemple effrayant de pièges potentiels en apiculture lors de la saison automnale qui, malheureusement, est tout aussi dévastateur que répandu : la famine. Disette estivale, conditions météorologiques défavorables à la récolte du nectar, nosémose ou erreur de jugement de la part de l’apiculteur (fournir un mauvais type de nourriture, en trop petite quantité ou trop tard dans la saison), autant de facteurs pouvant conduire au spectacle désolant de la famine dans les colonies d’abeilles domestiques. Des grappes qui périclitent, des abeilles ouvrières dont la taille diminue ou des combats et des vols violents dans le rucher sont quelques-uns des signes potentiels d’une famine en automne. Le fait que des abeilles mangent leurs propres larves, ce qui est peut-être le signe le plus troublant, indique clairement que la colonie lutte pour sa survie : l’un des comportements les plus contre nature et les plus contre-intuitifs s’est installé parmi les condamnées. Et, une fois la roue de la mort mise en mouvement, il peut être difficile de sauver les abeilles, surtout lorsque les températures extérieures ont déjà considérablement diminué au moment où l’apiculteur découvre la gravité de la situation.
Maintenant, concentrons-nous sur le grand méchant, la plus évidente, et certainement la plus terrible horreur dévastatrice de l’apiculture en automne : la varroase (parasitose causée par Varroa destructor). Les acariens du genre Varroa offrent sans aucun doute le stéréotype parfait des monstres effrayants d’Halloween… Leur simple vue peut instantanément glacer le sang des apiculteurs. Il ne fait également aucun doute que le varroa constitue une menace tout au long de l’année, et l’automne n’est en réalité qu’une des quatre saisons concernées par la gestion du varroa dans les ruches d’abeilles domestiques. Cependant, l’impact des acariens sur les exploitations apicoles en automne comporte un élément particulièrement horrible et méprisable. Après tout, l’hiver pointe le bout de son nez, et la mort des colonies due à la Varroase est généralement rapide, ce qui rend la situation encore pire. Certains symptômes de la varroase sont ambigus : la diminution de la population d’abeilles adultes, par exemple, n’est jamais bon signe, qu’il s’agisse d’un symptôme de varroase, de la famine ou de toute autre raison. Ensuite, il y a le couvain tacheté, associé à un nombre élevé d’acariens du genre varroa dans la colonie, reconnu de manière universelle comme l’un des signes révélateurs de ce film d’horreur, coécrit par le Varroa destructor et divers virus de l’abeille transmis par cet acarien. Les symptômes du couvain deviennent de plus en plus évidents à mesure que les colonies touchées se rapprochent de l’effondrement : larves grisâtres, creuses, enroulées ou tordues… Pupes rongées ou arrachées… L’éventail de visions et de symptômes horribles est très large lorsque le varroa est présent, et il existe un risque de chevauchement ou de confusion avec d’autres maladies, telles que la loque européenne, excepté que les larves ne s’enroulent pas. Vous souhaitez éviter à vos colonies de vivre ce film d’horreur réel au sein de la ruche ? Une surveillance tout au long de la saison ainsi qu’un plan de traitement bien pensé contre le varroa, basé sur la lutte intégrée contre les parasites et assorti de mesures de sauvegarde, peuvent contribuer à empêcher ce scénario morbide de se concrétiser dans vos ruches. Une alimentation en temps voulu, ainsi que les mesures préventives contre le vol (et donc la réinfestation potentielle d’acariens dans vos ruchers) constituent une bonne base pour la protection contre la varroase.
Enfin, voici une vision d’horreur qui vous donnera des sueurs froides : un couvain refroidi. Non, il ne s’agit pas ici de la momie virale de l’apiculture, le couvain plâtré. Au contraire, le couvain refroidi est le résultat de la non-protection du couvain des abeilles contre le froid ou, en d’autres termes, du manque d’abeilles ouvrières adultes pour couvrir le couvain. Selon certains, ce phénomène peut également être associé à des inspections de ruches trop longues et intrusives, alors que les basses températures extérieures ne requièrent en réalité qu’un bref contrôle. En conséquence, de grandes zones de couvain vont souvent mourir et devenir noires après un certain temps, symbole des sombres surprises que peut révéler l’apiculture à cette période de la saison.
À la lumière de cette liste (non exhaustive) des horreurs de l’apiculture en automne, il semble évident que l’apiculture n’est pas une activité convenant aux âmes sensibles. En particulier pour les débutants, la gestion des ruches en automne peut représenter un défi de taille pouvant sembler tout droit sorti de l’enfer. Cependant, en relevant le défi, en se préparant minutieusement à la lutte contre les créatures maléfiques et les puissances obscures, et en anticipant les pièges et les écueils potentiels, il est possible de neutraliser l’élément de surprise, comme si vous aviez déjà vu le prochain film gore projeté dans votre cinéma local.
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